Dans les années 70, émergea l’idée d’un développement durable.
Dans un souci de lutter contre le réchauffement climatique, des Etats dont le Royaume-Uni se sont engagés à réduire de manière significative l’émission des gaz à effet de serre, soit à diminuer les rejets de CO2.
BedZED ou Beddignton Zero Energy (fossil) Development est une idée originale d’écoquartier situé dans un quartier de Sutton, intégré dans le Grand Londres (Great London) à une vingtaine de kilomètres au sud de Londres.
C’est le premier ensemble de cette dimension (1.7 hectares) regroupant des habitations dans lesquelles tous les critères écologiques et sociaux furent intégrés. Le projet est né d’une volonté communale. La ville de Sutton s’est engagée dans un agenda 21 : construire un espace habitable avec des matériaux locaux recyclés sur une friche industrielle dans un environnement pavillonnaire dense et d’ateliers à proximité d’une station de train de banlieue. Il s’agissait de tenir compte du maximum de critères de développement durable « sustainability development » (déplacements, matériaux, conditions de vie).
En 1998, l’appel d’offre est lancé. Les travaux démarrent en 2000 sous l’impulsion conjointe d’une société de logements qui soutenait des initiatives sociales et communautaires et des programmes innovant dans la construction, une ONG, un architecte et un cabinet de consultants. Une forte concertation est menée en amont.
Les objectifs techniques sont définis : préservation des espaces verts et agricoles, maîtrise de la consommation de l’espace par une densité importante, réduction de 50% de la consommation énergétique liée aux transports, approvisionnement en énergie et matériaux de la région, utilisation de produits certifiés, absence d’utilisation d’énergies fossiles, consommation d’énergie réduite de 60% par rapport à la demande domestique moyenne, réduction de la demande en chauffage de 90 %, consommation d’eau réduite de 30%, volume réduit des déchets et recyclage accru, bien être avec des espaces publics et des espaces végétalisés.
Les logements sont dotés d’une forte isolation (triple vitrage, chauffage solaire...) et gèrent les énergies de façon naturelle (ventilation naturelle, récupération de chaleur, récupération des eaux de pluie pour les toilettes, traitement des eaux usées sur place).
Cinq blocs compacts de plus de 80 logements sur 2 ou 3 niveaux de types T2 ou 4 émergent. Le choix est de ne pas réserver de place pour des jardins mais d’associer aux logements des terrasses ou jardins d’hiver ou serres. Les parkings sont en nombres réduits (véhicules électriques avec recharges gratuites). Le coût de la construction (17 millions d’euros) excèdent de 20% environ le coût moyen. 15% des logements sont en location, le reste est en pleine propriété.
En 2002 les premiers habitants s’installent. Ils mettent en place un système de produits bio avec des agriculteurs locaux et crée une centrale d’achat pour peser sur l’offre des fournisseurs (électroménager, produits courants).
Les résultats de l’expérience sont écologiquement très satisfaisants. Les normes écologiques appliquées il y a 10 ans sont encore en avance sur les normes réglementaires actuelles (HQE, BBC, RT 2012...). L’écoquartier a réussi à diminuer de 50% son empreinte écologique. La consommation pour le chauffage est réduit de 88%, d’eau chaude de 57%, d’électricité de 25%...
Sur le plan financier, le surcoût d’achat pour les propriétaires a été compensé par les économies d’énergie au bout de 7/8 ans (contre les 10 ans prévus initialement). Les locataires paient un « surloyer », mais il est compensé par les économies d’énergie. Dans le même temps, les habitants ont connu quelques dysfonctionnements d’un programme très ambitieux (système d’assainissement parfois défectueux, dépôt de bilan de la société gérant le chauffage, bornes électriques qui marchent mal). Les habitants ne se sont pas vraiment intégrés aux espaces voisins de sorte qu’on a parlé d’un ghetto vert. La deuxième tranche des travaux n’a pas vu le jour car les résidents souhaitent finalement conserver un grand terrain utilisé par les enfants pour jouer au football...
Propriétaires et locataires ne semblent pas vouloir partir de cet îlot insolite tout à fait reconnaissable depuis la route grâce à ces cheminées futuristes. Ce véritable laboratoire « vert » grandeur nature n’a pas encore été dupliqué au Royaume-Uni.
Kathy Similowski
Voir la deuxième partie : Le péage urbain